1. Que se passe-t-il dans la tête de l’abeille ?
Lorsque la colonie est menacée, les abeilles gardiennes usent de leur dard pour repousser l’intrus. Le plus souvent, l’abeille est chassée brutalement par la personne qui est piquée.
Des chercheurs du Centre de Recherches sur la Cognition Animale, avec des collègues de l’Université Paris XIII et de l’Université du Queensland (Australie), ont montré qu’une phéromone d’alarme est émise par l’abeille qui perd son dard et sa poche à venin sur le lieu de la piqûre. La perception de la phéromone d’alarme augmente les niveaux de sérotonine et de dopamine dans le cerveau des abeilles, ce qui les rend plus agressives. Elles viennent à plusieurs piquer au même endroit, identifié comme menaçant.
On pourrait dire qu’elles “deviennent viscéralement agressives”, “déclarent la guerre” et qu’elles partent immédiatement sus à l’ennemi. Le processus peut être résumé sur le schéma simplifié du cerveau de l’abeille ci-dessous.
L’étude a été publiée le 31 janvier 2018 dans la revue Proceedings of the Royal Society of London B : Biological Sciences.
2. Que se passe-t-il dans la tête de la personne piquée ?
Je ne suis pas à même de vous dire si les neurotransmetteurs sont modifiés dans les régions du cerveau impliquées dans la perception de la piqûre. Mais ce que je peux vous dire d’expérience, c’est que celle-ci déclenche un réflexe visant à repousser l’abeille piqueuse surtout lorsque la sensation désagréable est localisée sur le visage, particulièrement dans les zones proches des yeux et des lèvres !…
Le réflexe est immédiat et à une double conséquence désastreuse :
a. l’abeille expulsée brutalement s’envole éviscérée et ne tardera pas à mourir, laissant dard et poche à venin…
b. qui en se contractant injectera tout le venin et ses toxines dans l’épiderme de la victime. Si celle-ci est allergique, la conséquence peut-être funeste…
Regardons de plus prêt l’arme du crime:
On remarque que le dard comporte des barbules légèrement décalées les unes par rapport aux autres, avec une variation infime d’angle. Enfoncé dans un tendre épiderme, le dard ne peut être extrait que par un mouvement de torsion précis et délicat. Qui mieux que l’abeille elle-même pourrait délicatement dévisser cette hallebarde empoisonnée?
Il me vient une question : pourquoi ne pas faire la paix avec l’abeille piqueuse avant que sa phéromone alarme toute la colonie et déclenche la guerre ?
À cette idée, la sérotonine de mon lobe frontal en est toute chamboulée !…
Imaginons comment l’abeille pourrait s’échapper après avoir piqué… Si elle est libre de ses mouvements, elle peut tourner sur elle-même, dans le sens des aiguilles d’une montre et dans le sens opposé, selon l’angle d’attaque, pour finir par sortir le dard… Sans dommage pour elle, ni pour la personne piquée. Le seul problème bien sûr du point de vue de la personne en question est qu’elle doit laisser à l’abeille le temps de faire sa petite danse. Il est difficile de contempler la jolie ballerine avec détachement quand on a son venimeux aiguillon dans la peau !… Mais après tout, rien ne coûte d’essayer, on sait que l’abeille est bonne danseuse…
Je veux bien tenter l’expérience la prochaine fois, à condition que la piqûre ne soit pas au visage…
Moralité :
Ne gifle pas l’abeille qui te pique!…
Pour ne pas gonfler, il faut l’être !…
Attends juste une minute ou deux.
Donne-lui le temps de faire sa petite danse du ventre :
Trois petits tours dans le sens horaire, quatre en sens anti-horaire,
et elle s’en ira, avec dard et poison…
De la sorte, tu pourras valser à tes activités sans gonfler!…
Sauf l’orgueil légitime d’artisan de la paix !
Henri